PROGEMOH

Après les MEUH, les MOH !

La formation Bac Pro CGEA du site de Saint-Genest-Malifaux a été retenue dans le cadre d'un projet accompagné par SupAgro (Institut de Florac) pour la mise en œuvre d’un dispositif local de formation/développement innovant, centré sur la promotion de la gestion productive et durable des milieux ouverts herbacés (PROGEMOH).

Pour débuter, ignorant de quoi il s’agissait, nous sommes partis à la découverte de ces milieux sur le territoire du Pilat, accompagnés par C. Champailler, chargée de mission agro-écologie au PNR Pilat.

Les MOH sont des Milieux Ouverts Herbacés c’est-à-dire des prairies naturelles très variées (faune et flore) et ses milieux peuvent être utilisés de différentes façons (pâture et/ou fauche). Mais nous devons retenir que les pratiques des agriculteurs peuvent dégrader ou au contraire valoriser ses milieux !

Au niveau du PNR du Pilat, les MOH représentent une ressource indispensable en agriculture (60% de la SAU) mais sur les 30 dernières années, la disparition de 6000 ha a été enregistrée ! (agrandissement des villages, mécanisation des plateaux, progression de la forêt sur les pentes…). Les éleveurs ont donc parfois perdu leur savoir-faire pour utiliser ses prairies très diversifiées. De plus, ils s’interrogent aujourd’hui aussi avec le changement climatique qui limite de plus en plus la disponibilité des ressources fourragères. Le PNR Pilat coordonne donc des actions pour promouvoir, conserver et exploiter ses milieux.

Cette première intervention nous a fait découvrir la diversité de ces milieux, leur dénomination, leurs usages et surtout les possibilités de valorisation pour notre futur métier d’éleveur.

Un nouveau regard sur le pâturage !

Après la découverte des MOH, le parcours de la classe de Bac Pro CGEA (site de Saint-Genest-Malifaux) sur la promotion de la gestion productive et durable des milieux ouverts herbacés s’est poursuivi avec la rencontre d’un conseiller technique : C. Agreil, associé de SCOPELA

La structure SCOPELA assure notamment des conseils et des formations auprès d’éleveurs sur les pratiques innovantes liées à la gestion des prairies naturelles et des parcours. Leurs démarches s’inscrivent en faveur d’une agriculture basée sur les processus écologiques.

Sur le territoire du lycée, un collectif local d’agriculteurs est actuellement accompagné : Pâtur’en Pilat. En France, d’autres collectifs de ce type se sont constitués et forment le réseau Pâtur’Ajuste.

L’accompagnement repose sur 3 piliers : comprendre le comportement des animaux au pâturage, le fonctionnement des végétaux et l’organisation de l’éleveur. nous-apprentis en 2ème année- avons ainsi repris des fondamentaux parfois perdus de vue ! :

  • Les animaux ont des préférences alimentaires variables selon leurs expériences, apprenant plus facilement lorsqu’ils sont jeunes. C’est donc l’éleveur qui conditionne ce comportement pour son troupeau.
  • Au fil des saisons, les plantes s’adaptent aux variations climatiques pour se protéger et perdurer. Ainsi même en période de senescence, elles peuvent représenter un fourrage de qualité ! Mais l’éleveur peut pénaliser ces mécanismes de reproduction avec des pratiques inadaptées…
  • L’éleveur ne doit pas subir la pousse de l’herbe mais anticiper et mettre aussi de l’herbe de côté et à moindre coût. Le calendrier de pâturage est un outil qui permet de croiser les disponibilités en fourrages dans les parcelles et la demande alimentaire des différents lots.

Nous avons retenu de cette intervention divers aspects selon nos expériences. Certains ont été étonnés de voir que le jonc peut être pâturé (et apprécié par les animaux !) et apporter des valeurs nutritionnelles intéressantes ; d’autres ont découvert des pratiques innovantes pour avoir des systèmes économes et cohérents avec le territoire (augmentation du chargement instantané, report sur pied, gestion de la taille des parcelles au fil des saisons…) ; d’autres encore ont été satisfaits de pouvoir s’appuyer sur un outil concret pour gérer les ressources fourragères au pâturage (calendrier de pâturage).

Innover pour gérer les ressources au pâturage

Après la découverte des MOH et les techniques de gestion du pâturage, le parcours de la classe de Bac Pro CGEA (site de Saint-Genest-Malifaux) sur la promotion de la gestion productive et durable des milieux ouverts herbacés s’est poursuivi avec une étude de cas : l’exploitation du lycée

Pour bien comprendre la situation de l’exploitation AB du lycée dans la conduite du pâturage de ses 2 troupeaux, nous avons rencontré le chef d’exploitation : Claude Girerd. Il a commencé par nous expliquer l’organisation du parcellaire et l’importance des prairies dans l’assolement. Une particularité est la présence de nombreuses prairies humides. Il nous a ensuite sensibilisés à l’importance de la conduite des surfaces pâturables dans la gestion du parasitisme des caprins et dans la fourniture de ressources alimentaires en quantité et en qualité, avec si possible le coût le plus faible possible. Au lieu de stocker en grange et distribuer en été, l’éleveur souhaite stocker les ressources fourragères sur pied et laisser les animaux travailler (technique du report sur pied) ! L’idée principale est de mettre en place des pratiques au plus près des possibilités du milieu.

Cette année, l’exploitant a donc travaillé avec les salariés et l’accompagnement de SCOPELA à la reconception du système de pâturage. Ainsi :

  • 2,5 ha supplémentaires ont été ouverts à la pâture des caprins. Même si cela nécessite plus de déplacements, cela a permis de limiter le nombre de passages des animaux sur une même parcelle
  • La durée de pâture quotidienne a été augmentée (matin et soir) pour limiter les complémentations en regain
  • Un fil avant a permis de régler la pression de pâturage souhaitée et ainsi inciter les animaux à consommer le maximum de végétations spontanées
  • 2 passages maximum sur chaque parcelle ont été admis pour limiter la dégradation de la prairie
  • Le report sur pied a été optimisé pour conserver des plantes consommables pendant les périodes autres que lors de leur pousse

Nous avons ensuite observé sur le terrain l’état des parcelles et des végétations pour établir le lien entre les pratiques et les états du milieu. On a ainsi pu voir ce que les animaux avaient consommé, refusé ou gaspillé, les marques de dégradation ou cicatrisation des prairies… etc. En parallèle, le chef d’exploitation a précisé le comportement des animaux au pâturage et les performances de croissance ou de production obtenues sur les différents lots des 2 troupeaux.

Ce témoignage nous a demandé de porter un nouveau regard sur les ressources fourragères disponibles et notamment les végétations qui poussent spontanément. Ces techniques et pratiques –souvent nouvelles voire étranges ( !) pour nous- sont testées progressivement et pourront nous apporter de nouvelles références.


Article proposé par le BacPro CGEA de St Genest Malifaux accompagnés de Séverine Souvignet (formatrice en français), Pascale Sabatier (formatrice en Zootechnie) et Claude Girerd (responsable de l’exploitation de St Genest Malifaux)

 

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